Why can't we be friends?

Karl Lüng est bon pour le service actif.

Kenan était venu passer une quinzaine de jours dans sa Bretagne natale, après plusieurs mois de travail acharné, a restaurer de vieilles mécaniques dans son atelier de Philadelphie.

Voilà 4 jours, il avait salué ses associés, sollicité l'un d'eux pour qu'il le dépose à l'aéroport et... direction la vieille demeure perchée sur sa falaise.

Il avait passé la première journée a retrouver les lieux, à se reposer et a s'approvisionner. Il avait joint le Père Méliole au téléphone, pour l'informer de son retour.

Le lendemain, il s'était levé tôt pour son footing matinal et, après quelques coups dans le sac, il avait tenté de démarrer la Kubelwagen... qui avait émis un long toussotement, avant de se taire !

Du coup, la séance de "cruising" sur les petites routes, s'étaient muée en longues balade sur les petits chemins encaissés, bordés de haies et de murets...

En fin début de soirée, il était descendu au village, s'en jeter un au "Bar des Marins", où il avait retrouvé quelques copains d'enfance, restés au bled par choix, où par contrainte...

Le Samedi matin, il s'était attelé au problème de toussotement de la Kubel et, c'est en fin d’après midi, que Victor Méliole, avait débarqué au volant d'une Mercedes flambant neuve.

-"Et ben... Ça rapporte les deniers du culte !!..." avait lancé Kenan en s'extirpant de sous la voiture.
-"Moui... C'est une affaire qui marche ! Je n'ai pas à me plaindre, Mon Fils !", avait rétorqué le prêtre.

Les deux hommes s'étaient serrés dans les bras et s'étaient dirigés vers la maison.

La soirée avait été consacrée à la préparation d'une soupe de poissons, tout en sirotant une bouteille de Chouchen, le tout émaillée de souvenirs et de nouvelles.

Le repas était terminé depuis longtemps, les deux hommes s'étaient assis au coins de la cheminée pour déguster un 12 ans d'âge, quand le Père Méliole était soudain devenu plus grave...
-"Tes parents et toi n’avaient jamais vraiment sues ce que je fais au sein du clergé !?...".

Ce n'était pas vraiment une question, aussi Kenan s'était-il abstenu de répondre, laissant au prêtre le champ libre pour poursuivre.
-"En fait, j'appartiens a une branche... comment dire... particulièrement discrète, pour ne pas dire secrète, de l’Église. Nous ne sommes pas sectaire et acceptons dans nos rangs des croyants de divers religions, y compris des athées. L'important pour nous, demeure une certaine éthique, une droiture d'âme et de cœur, un désir d’œuvrer pour le Bien, dans le sens mystique du terme...".

Victor s'était interrompu, observant au dessus de son verre, le fils de son ami. Celui-ci ne disait toujours rien, rendant son regard à son interlocuteur.

Le vieil homme avait souri et reprit la parole.
-"Nous ne sommes d'aucun drapeau, d'aucune nation. Nous ne sommes pas des fanatiques, ni des extrémistes. Nous combattons, littéralement, ce qui représente un danger pour l'humanité ! Et nous avons besoin de talents, d'hommes et de femmes motivés et capables, acceptant de mettre parfois leur vie et leur santé mental en danger, pour ne pas dire plus, en combattant à nos côtés !...".

Victor Méliole avait alors tendu une feuille de papier, soigneusement pliées, à Kenan.
-"Je souhaiterai que tu te rendes à cette adresse, Lundi pour 15 h 00. Prend-ça comme un service qu'un vieil ami te demande... Écoute ce que te diront ceux qui t'y recevrons. Si ce que tu entend ne te plait pas ou te paraît insensé, libre à toi de rebrousser chemin. Il ne t'en sera pas tenu rigueur, ni par moi, ni par quiconque. Il faut que ta démarche, si tu choisis de poursuivre, soit volontaire, libre de préjugés. Nous n'avons que faire de moutons, nous préférons les esprits libres...".

Le prêtre avait lampé son verre, puis en poussant un long soupir, s'était levé du profond fauteuil en cuir.
-"Bon... J'ai mon compte, Garçon ! Je vais rejoindre mon lit. Je dois malheureusement repartir demain matin".

Il avait souri une dernière fois et s'était retiré en pressant au passage sa main sur l'épaule de son hôte.

Kenan était resté pour le moins interloqué, suite à la tournure étrange de la soirée. En même temps, il connaissait Victor Méliole depuis sa naissance. Celui-ci avait été l'ami de ses parents et, le moins qu'on puisse dire, c'est que le Père Méliole, Prêtre de l'Eglise Catholique, ancien chirurgien militaire, avait les pieds sur terre.

Il n'était pas connu pour être enclin à des délires mystiques, ou des délires tout courts...

Le Lundi suivant, Kenan se retrouvait donc avec des inconnus, dans une pièce anonyme d'un immeuble anonyme, dans le centre de Zurich [Bon, là je prend des libertés, puisque tu n'as pas précisé la ville. Il est évident que si ça ne te convient pas, tu modifies le nom...], sirotant comme si c'était du champagne millésimé, un jus d'orange dans un gobelet en plastique...

Le moins qu'on puisse dire c'est que le discours du type ne passe pas très bien. Il va devoir le peaufiner un peu s’il compte faire des adeptes avec, trouver un conseiller en com peut être ou améliorer l’étape de sélection des candidats. Pour l’instant la plupart des présents ricanent avant de se lever pour foutre le camp. Ils laissent mêmes leurs gobelets trainer sur les chaises...
En quelques minutes, la salle déjà peu remplie fait maintenant carrément vide. Vous n’êtes plus qu’une poignée à vous regarder en chien de faïence. Chacun cherchant probablement à évaluer le degré de connaissance ou de folie des autres…

Un instant de mou brisé par l’arrivée d’un nouveau personnage attendant probablement le bon moment en coulisse. Un religieux, comme le soulignent sans conteste les attributs qu’il porte. La canadienne du prêtre ouvrier popularisé par l’abbé Pierre, son porteur le plus célèbre. La croix, le col, le béret. Tout semble calibré pour inspirer la confiance, le respect. L’homme n’est pas vieux mais son visage porte les stigmates d’une vie de lutte, mince, creusé, il ressemble à ces portraits de saints façonnés par leur martyr. Son regard chaleureux donne l’impression qu’il a déjà tout vu, et peut tout accepter…
Il salue chacun des présents d’une poignée de main ferme. Il connait tout les noms et donne le sien. Il s’appelle Métanzer. Karl Métanzer.

Sur son invitation vous prenez place sur les chaises que le précédent orateur vient de disposer. En cercle. L’ambiance se fait intimiste. On se croirait presque dans une de ses réunions ou l’on parle de ses problèmes. Tout le monde peut observer tout le monde et le maitre de réunion n’est qu’un homme parmi les autres.

Karl fait rapidement le tour des prénoms. Juste des prénoms. Il vous remercie d’être venu, et surtout d’être resté. Il évoque brièvement le secret évident qui doit occulter tout ce qu’il va vous révéler, l’homme est vieux jeu et tient à jeter les fondations d’une coopération basé sur la confiance. Il n’exige de vous qu’un serment sur l’honneur. Ne jamais divulguer ce qui va se dire ici. Et évidemment, tout le monde jure.
Puis Metanzer parle de lui. Brièvement. Evoquant surtout son ancienne appartenance à la congrégation pour la doctrine de la foi. Le nom moderne de l’inquisition. Il parle des phénomènes étranges que son mandataire a évoqués. Des phénomènes présents depuis la nuit des temps dans le folklore humain. Amusants, truqués, inoffensifs. Et de ceux qui se multiplient aujourd’hui. De cette augmentation progressive de la fréquence de ces événements paranormaux ces soixante dernières années. Et de leur réalité de plus en plus tangible. Il dit que le monde est en train de sombrer. Il ne sait pas pourquoi maintenant, pourquoi de cette façon. Mais il sait que cette folie qui semble gagner sur le monde est un signe. Un signe que l’humanité est en danger, et qu’il est encore temps de la protéger. ..
Puis il parle des hommes d’église qui ont travaillés à ses cotés dans cette quête, de ceux qui ont comme lui découvert ce cancer surgissant des coins les plus sombres de notre inconscient. Ces hommes qui sont la principale raison de cette offre de recrutement. Ces hommes qui sont tous morts. Brutalement éliminés par une organisation dont Metanzer ne sait rien mais qu’il devine occupée à des objectifs diamétralement opposés aux siens.
Enfin il parle du monastère de Saint Georges. Il dit qu’il a créé un nouveau groupe dans le but de comprendre et de s’opposer à cette menace. L’ère des moines soldats est terminée et malgré la protection que lui accorde un des saints patrons de l’église, il s’agit d’une organisation laïque. Une organisation qui dispose de fonds importants, de locaux et d’équipements mais qui a besoin pour se construire de gens de tous horizons aux savoirs et aux disciplines multiples. Une organisation qui a besoin de vous.


Hors jeu:

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